Téhéran ne montrera aucune pitié à l'égard d'Israël
L'éventuelle fermeture du détroit d'Ormuz, les français en Iran, #MeTooPolice l'enquête de Disclose, une fenêtre pour censurer le gouvernement Bayrou, du gaz lacrymogène contre les migrants.
Téhéran ne montrera aucune pitié à l'égard d'Israël
Pour la première fois en six jours de confrontations, Téhéran affirme avoir tiré au moins un missile hypersonique sur Israël. L'armée iranienne a utilisé "des missiles Fattah-1", se sont félicités les Gardiens de la Révolution, dans un communiqué diffusé par la télévision d'Etat. Au même moment, Ali Khamenei, le Guide suprême iranien, a également pris la parole sur X. Il prévient que son pays ne montrera "aucune pitié" à l'égard des Israéliens.
L'armée israélienne annonce avoir frappé plusieurs sites nucléaires en Iran. Ces frappes, menées par "plus de 50 avions", ont visé "une installation de production de centrifugeuses à Téhéran" ainsi que "plusieurs sites de fabrication d'armes", a affirmé l'armée dans un communiqué.
Donald Trump appelle à une "capitulation sans conditions" du régime de Téhéran et assure que son pays peut aisément tuer le Guide suprême iranien. Une déclaration qui intervient au moment où les spéculations s'intensifient sur une éventuelle participation directe des Etats-Unis au conflit. Washington a par ailleurs fermé son ambassade à Jérusalem jusqu’à vendredi.
Le risque d'une fermeture du détroit d'Ormuz effraie les marchés pétroliers
Le risque de voir le conflit entre Tel-Aviv et Téhéran affecter le transport de pétrole, en particulier dans le détroit d'Ormuz, affecte les marchés financiers. Le détroit d'Ormuz, large d'environ 50 kilomètres, s'étend entre l'Iran et Oman et est emprunté par les exportations de pétrole et gaz des pays tels que l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, l'Irak, le Qatar et le Bahreïn. Un cinquième des expéditions mondiales de pétrole et un tiers de celles de gaz naturel liquéfié transitent chaque jour par le détroit.
Bien qu’une perturbation importante de ces flux suffirait à faire grimper les prix à 120 dollars le baril, le détroit d'Ormuz est aussi capital pour la production de pétrole iranienne car 95% de leurs barils sont exportés vers la Chine via ce passage maritime.
Dans le cas où l'Iran ne bloquerait pas le détroit d'Ormuz, le seul risque d'un conflit prolongé dans la région pourrait suffire à perturber le marché mondial de l'or noir. Si aucun navire transitant par le détroit n'a été visé, le conflit entre la République islamique et Israël suscite des craintes au sein du secteur maritime et de plus en plus de compagnies ne souhaitent plus affréter des bateaux dans cette région.
La situation des Français installés en Iran
Plusieurs pays ont annoncé l'évacuation de leurs ressortissants d'Iran, mais ce n'est pour le moment pas le cas de la France. Des familles vivant sur place déplorent la gestion de la crise par les autorités françaises.
En Iran, la communauté française est petite, moins de 1 000 personnes inscrites au registre des Français de l'étranger. Alors que l'Ukraine, la Chine ou l'Inde pressent leurs ressortissants de partir d'Iran, que la Thaïlande a annoncé qu'elle avait ordonné à l'armée de préparer des avions pour évacuer les siens, les Français s'interrogent sur leur sort.
Sur le site de l'ambassade de France en Iran, les Français sont appelés "à s'abstenir de tout déplacement dans le pays". Il leur est recommandé de suivre les consignes de sécurité données par les autorités locales et un numéro d'urgence, ne fonctionnant plus après 20 heures, leur est communiqué. Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué suivre la situation de manière précise sans prévoir à ce stade d'évacuation.
#MeTooPolice : ce que révèle l'enquête de Disclose
Dans une enquête, dont les premiers volets viennent d’être publiés, le média d'investigation Disclose dévoile plusieurs affaires de violences sexuelles commises par des policiers et des gendarmes. Au total, 215 agents sont mis en cause pour des faits commis sur 429 personnes – en majorité des femmes – entre 2012 et 2025. Les victimes sont des collègues, des proches, des personnes interpellées et des plaignantes venues chercher de l'aide auprès des forces de l'ordre.
À partir de témoignages, de procédures judiciaires et d'une décennie d'archives de presse, Disclose a retrouvé la trace de 429 victimes de violences sexuelles commises par des policiers ou des gendarmes entre 2012 et 2025 : 76% d'entre elles sont des femmes adultes, 18% sont des mineurs et 6% des hommes. Ces affaires, qui vont du harcèlement sexuel au viol, impliquent 215 fonctionnaires, tous grades confondus.
Parmi eux, 40% ont fait plusieurs victimes au cours de leur carrière, selon le décompte de Disclose, qui précise que cinq des policiers et gendarmes mis en cause sont toujours en poste, malgré une condamnation pour violences sexuelles.
Consultation de fichiers internes pour récupérer des coordonnées, simulation de perquisition, menace avec une arme de service... Selon cette enquête, les 215 fonctionnaires concernés ont tous, sans exception, détourné les moyens de police mis à leur disposition par l'Etat et sévissent également au moment précis où les victimes se trouvent à leur merci : en garde à vue, au dépôt d'un tribunal, lors d'un contrôle routier ou d'une interpellation. Autre constat du média d'investigation : les collègues policières et gendarmes représentent la moitié des victimes recensées.
D'après le décompte de Disclose, un tiers des agents ayant agressé des plaignantes ont fait plusieurs victimes avant d'être sanctionnés. Seulement 18 policiers ont été expulsés de la police, mis à la retraite, rétrogradés ou suspendus après avoir commis des violences sexuelles depuis 2021. Du côté de la gendarmerie, ils sont trois à avoir été radiés en 2023 sur un total de 46 hommes sanctionnés pour violences sexuelles et sexistes, d'après les données issues de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale. De l'aveu même du ministère de l'intérieur, les radiations sont exceptionnelles.
Près de Dunkerque, des migrants interceptés à coups de gaz lacrymogène
Sur la plage de Gravelines, à quelques kilomètres de Dunkerque, des policiers utilisent des bombes lacrymogènes pour asperger plusieurs migrants afin de les empêcher de monter à bord d'une embarcation en direction de l'Angleterre.
Depuis 2018 et l'augmentation continue des traversées de migrants par bateau vers le Royaume-Uni, les forces de l'ordre ont renforcé leur présence sur les côtes françaises afin d'empêcher les départs et de gêner les passeurs à terre. Chaque jour, 1 200 effectifs sont mobilisés sur les 150 km de littoral entre Dunkerque et Le Touquet. Sur ces agents, 730 sont financés par le Royaume-Uni en vertu du traité de Sandhurst signé entre les deux pays il y a sept ans.
Pour Charlotte Kwantes de l'association Utopia56, "difficile de ne pas faire le rapprochement" entre les méthodes vues à Gravelines et le "changement de doctrine" réclamé par Bruno Retailleau fin février. Le ministre de l'Intérieur préconisait alors des interceptions en pleine mer, et ce, jusqu'à 300 mètres des côtes.
L'annonce ne passe pas non plus chez les sauveteurs du littoral, très souvent sollicités pour intervenir sur des naufrages. "On court vers des drames, les interceptions d'embarcations fragiles sont extrêmement dangereuses, encore plus si les personnes à bord ont reçu du gaz lacrymogène ou sont blessées au moment du départ", alerte la Société nationale des sauveteurs en mer.
La situation sur les côtes du Nord et du Pas-de-Calais a atteint un niveau de violence très élevé. Selon la météo, il peut y avoir de 50 à 1 000 personnes qui tentent de traverser sur une journée. Il est alors très difficile d'adapter les moyens face à un tel delta. Surtout que, face aux forces de l'ordre, les réseaux montent en agressivité et font sans cesse évoluer leurs techniques pour continuer leur sinistre business.