Les résultats du second tour
On ne se débarrasse pas comme ça du macronisme !
Comme en 2022, les sondages n'ont pas réussi à prévoir les résultats du second tour de ces législatives anticipées. Ainsi, et à l'inverse de ce que prévoyaient les instituts de sondage, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête tandis que le Rassemblement national a terminé en troisième position, derrière Ensemble. Aucune majorité absolue ne se dégage pour les trois blocs en lice.
Au terme de ce scrutin, le Nouveau Front Populaire finit premier en terme de nombre de sièges avec 182 députés contre 150 en 2022. Le Rassemblement national, grand gagnant du premier tour, chute finalement au second tour, n'obtenant que 143 sièges, alors que les résultats du premier tour lui faisaient espérer une majorité absolue au delà des 289 parlementaires. Entre ces deux blocs, la coalition présidentielle Ensemble perd sa majorité relative et obtient 163 députés.
Au premier tour des élections législatives, le NFP était arrivé en seconde position avec 27,99% des voix, derrière le Rassemblement national et ses alliés (33,14%). Le résultat de ce second tour peut s'expliquer par les nombreux désistements décidés dans l'optique de contrer le RN grâce à un front républicain ainsi qu'à une participation plus forte encore qu'au premier tour (67,1% contre 66% au premier tour), le français n'étant pas prêts à laisser les clefs de leur démocratie à l'extrême droite.
L'union de la gauche n'a toutefois pas atteint la majorité absolue et doit se contenter d'une majorité relative. À l'intérieur de son bloc, LFI arrive en tête (75 sièges), 65 sièges pour le PS, 33 pour les Écologistes, et 9 pour les communistes. Sans compter les divers gauche, qui pourrait s'associer au groupe et faire basculer les équilibres.
En ce dimanche 7 juillet, l'extrême droite reste finalement aux portes du pouvoir. Bien que le parti n'ait jamais été aussi proche de gouverner, le Rassemblement national obtient un score moins bon que prévu. 143 sièges leur seront dévolus: 126 pour le Rassemblement national et 17 à leur alliés, proches d'Eric Ciotti.
Cette défaite est à relativiser et n'en est pas forcément une car le RN est parvenu à augmenter son nombre de députés de 55 sièges en deux ans.
Soi-disant en fin de règne selon les sondages lui octroyant entre 120 et 140 sièges, le macronisme a, quant à lui, tiré son épingle du jeu en envoyant 163 députés du camp présidentiel au Parlement (99 pour Renaissance, 33 pour le Modem, 26 pour Horizons et 5 divers centre ou autres). La coalition présidentielle, arrivée troisième au premier tour finit donc en seconde position, une semaine plus tard, grâce principalement aux désistements de la gauche en cas de triangulaires face à un candidat RN. Ce score est malgré tout plus bas qu'en 2022 (où le barrage républicain avait déjà fait son office) puisqu'à l'époque, le parti présidentiel avait acquis 250 sièges.
Et maintenant ?
Sans majorité absolue, le futur gouvernement va être forcé de créer des alliances, texte par texte. Bien que constitutionnellement, Emmanuel Macron ne soit tenu à rien, il devra néanmoins choisir un Premier ministre capable de former un gouvernement capable de résister aux éventuelles motions de censure du Palais-Bourbon.
Deux questions sont aujourd'hui dans tous les esprits après la victoire du Nouveau Front Populaire. Premièrement, est-ce que le NFP va parvenir à rester uni ou est-ce que les partis le formant vont-ils chacun reprendre leur indépendance ? Deuxièmement, la figure de Jean-Luc Mélenchon va-t-elle s'imposer ou pas ? Ce dernier avait été qualifié de "boulet" par François Ruffin, réélu dans la Somme et qui a déclaré qu'il ne siégerait plus avec les Insoumis.
Le Premier ministre Gabriel Attal, réélu dans sa circonscription des Hauts-de-Seine, a présenté sa démission au Président de la République, à l'issue des résultats de ce second tour des législatives, estimant néanmoins que "trois risques ont été écartés par les français" : la victoire d'une majorité absolue à gauche portée par la France insoumise, une majorité absolue de l'extrême droite et la disparition d'Ensemble.
La "clarification" voulue par Emmanuel Macron accouche donc d'une situation à la complexité inédite, avec une Assemblée nationale sans boussole politique, encore plus divisée que lors de la dernière mandature. Dans les mois à venir, devraient se succéder les tractations et les négociations, créant nécessairement une forme de lenteur législative assortie d'un chaos certain lors de la discussion des textes à voter.
La prochaine étape est maintenant la formation d'un gouvernement, prérogative d'Emmanuel Macron, qui n'est soumis à aucune date butoir quant à cette décision dont il est entièrement libre. Il a, pour le moment, refusé temporairement la démission de Gabriel Attal, qui reste donc en poste. Le Nouveau Front Populaire soumettra un nom pour occuper le poste de chef du gouvernement avant la fin de la semaine. L'exécutif devra alors trouver l'assentiment de l'Assemblée nationale, sous peine d'être menacé rapidement par une motion de censure.
En résumé, “que le sort vous soit favorable”.