Sébastien Lecornu, nouveau chef du gouvernement
Réactions politiques à la nomination du nouveau PM, mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre, violation de l’espace aérien polonais, frappes israéliennes à Doha.
Sébastien Lecornu, nouveau chef du gouvernement
À peine 24 heures après la chute du gouvernement de François Bayrou, Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon par le président de la République. Âgé de 39 ans, le ministre des Armées sortant, proche du chef de l'État, a été de tous les gouvernements depuis l'arrivée de ce dernier à l'Élysée.
Le nouveau Premier ministre est l'unique ministre rescapé de tous les gouvernements de l'ère Macron et a donc connu six locataires différents à Matignon. Il était d’ailleurs déjà fortement pressenti pour succéder à Michel Barnier en décembre dernier. Sébastien Lecornu a occupé le poste de secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique avant de devenir ministre des Collectivités territoriales, ministre des Outre-mer et enfin ministre des Armées depuis trois ans, dans le contexte de la guerre en Ukraine et des tensions internationales.
Il ne connaissait pas Emmanuel Macron avant d'entrer dans le gouvernement d'Édouard Philippe en 2017. Il appartient aux élus les Républicains qui ont rejoint le président élu, dans le sillage de Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin. Ministre des Collectivités territoriales pendant le premier semestre 2019, il est l’organisateur des "grands débats" en réponse à la colère des "gilets jaunes".
Sébastien Lecornu a rejoint l'UMP à 16 ans et devient maire de Vernon en 2014 à seulement 27 ans. Un an plus tard, il devient président du conseil départemental de l'Eure, avec l'appui de Bruno Le Maire. En 2020, il est élu sénateur même si, en tant que ministre, il ne peut siéger au Palais du Luxembourg.
Les réactions politiques après la nomination de Sébastien Lecornu
À gauche, la présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, dénonce sur X "une provocation à la veille du mouvement du 10 septembre". Selon elle, Sébastien Lecornu incarne "celui qui face aux gilets jaunes n'a répondu que par la répression". Pour Jean-Luc Mélenchon, "seul le départ de Macron lui-même peut mettre un terme à cette triste comédie du mépris du Parlement, des électeurs et de la décence politique".
Sur BFMTV, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a estimé que la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre était un "non-respect" des Français.
Raphaël Glucksmann, député européen Place publique estime pour sa part que "le président a choisi un Premier ministre très proche de lui, comme s'il espérait encore que rien ne change".
Au Rassemblement national, pour le président du parti, Jordan Bardella, "la devise d'Emmanuel Macron est qu’on ne change pas une équipe qui perd" tandis que Marine le Pen estime que "le président tire la dernière cartouche du macronisme, bunkerisé avec son petit carré de fidèles".
Le chef des Républicains et ministre de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau s'est dit prêt quant à lui à "trouver des accords" avec Sébastien Lecornu pour bâtir une "majorité nationale", se félicitant qu'un Premier ministre socialiste n'ait pas été nommé.
Mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre
Les forces de l'ordre ont procédé à 473 interpellations dans le pays, dont 203 dans la capitale, depuis le début de la journée de mobilisation "Bloquons tout". Quatre membres des forces de l'ordre ont été légèrement blessés tandis que 812 actions, dont 550 rassemblements et 262 blocages étaient recensés pour un total de 175 000 participants en fin de journée, selon le ministère de l’Intérieur.
"La mobilisation n'a rien d'une mobilisation citoyenne. Elle a été détournée, confisquée, captée par la mouvance de l'extrême gauche, de l'ultragauche, appuyée par le mouvement des insoumis", avait déclaré le ministre démissionnaire, Bruno Retailleau, lors d'un point-presse dans la matinée.
Sur les rails, la CGT-Cheminots a appelé à "participer massivement" au mouvement. Mais la SNCF assure que les TGV circuleront normalement. Les Intercités, TER, RER et Transiliens seront plus affectés. La direction générale de l'Aviation civile prévoit quant à elle des perturbations et des retards "sur l'ensemble des aéroports français".
Quelque 80 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés ainsi qu’une trentaine d'hélicoptères, de nombreux drones, engins lanceurs d'eau et véhicules blindés.
Violation de l’espace aérien polonais
Le ministre de la Défense polonais Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a annoncé que l'aviation avait tiré contre des "objets hostiles" après des "violations" de l'espace aérien polonais au cours d'une attaque russe contre l'ouest de l'Ukraine. L'armée polonaise a mobilisé des troupes pour rechercher des débris des drones abattus.
"Au cours de l'attaque menée aujourd'hui par la Fédération de Russie contre des cibles situées sur le territoire ukrainien, notre espace aérien a été violé à plusieurs reprises par des drones", a précisé le commandement opérationnel polonais. Ses radars ont repéré plus de dix objets volants au-dessus du territoire.
L'aéroport Chopin de Varsovie a été fermé en raison d'"une activité militaire imprévue liée à la sécurité de l'État". En août, Varsovie avait adressé à Moscou une note de protestation après la chute et l'explosion d'un drone dans l'est du pays, qualifiant cet incident de "provocation délibérée".
Frappes israéliennes à Doha
Israël a reconnu avoir mené des raids aériens à Doha, capitale du Qatar où résident des responsables du Hamas qui participent aux négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. Le Qatar "se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante", a déclaré le Premier ministre, Cheikh Mohammed ben Abdulrahmane Al Thani. "Nous pensons qu'aujourd'hui nous sommes arrivés à un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région", a-t-il ajouté.
Le Hamas a annoncé que six personnes ont été tuées dans les frappes israéliennes à Doha dont le fils de Khalil al-Hayya, négociateur en chef du Hamas, le chef de son bureau, trois gardes du corps et un membre des forces de sécurité qatariennes ajoutant que "l'ennemi n'a pas réussi à assassiner les membres de la délégation en charge des négociations".
Le président américain a précisé que les États-Unis avaient prévenu le Qatar, mais que l'avertissement leur était parvenu "malheureusement trop tard". De son côté, le pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza a démenti avoir été prévenu à l'avance des frappes israéliennes par les États-Unis.