Gabriel Attal, seul candidat à la présidence de l’ancien groupe Renaissance
Le Premier ministre Gabriel Attal est « officiellement candidat » à la présidence du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, l’élection devant se faire par vote électronique samedi matin.
Il sera « probablement le seul » comme l’a déclaré vendredi 12 juillet l'ex-président du groupe, Sylvain Maillard, sur France 2. En effet, Gérald Darmanin et Élisabeth Borne, dont les noms avaient circulé, ne se présenteront pas.
Aurore Bergé, députée des Yvelines, ayant précédemment occupé le poste avant Sylvain Maillard, trouve la candidature du Premier ministre « évidemment légitime » au micro de France Info.
Dans sa profession de foi, Gabriel Attal réitère, à l’instar des députés du groupe Renaissance, son opposition à un gouvernement comprenant des ministres insoumis, se déclarant pour une « coalition de projet allant des sociaux-démocrates à la droite de gouvernement » et s'engageant à « protéger les Français de tout gouvernement » comportant des ministres du Rassemblement national ou de La France insoumise.
Dans ce texte, il reconnaît par ailleurs qu’«avec la dissolution et les élections législatives anticipées, nous avons frôlé la disparition ». Gabriel Attal souhaite rebaptiser Renaissance qui s’appellerait alors "Ensemble pour la République », souhaitant inaugurer une nouvelle ère et « revoir intégralement nos méthodes et notre organisation, en tirant toutes les leçons acquises depuis 2017 et plus encore depuis 2022 ». À noter, l’absence totale de mention faite à Emmanuel Macron dans cette profession de foi.
Appel à la mobilisation pour un Premier ministre du Nouveau Front Populaire lancé par la CGT Cheminots
Les autres syndicats ne l’ayant pas suivie, la CGT Cheminots appelle seule à la mobilisation le 18 juillet, jour de la première séance des nouveaux députés élus aux législatives, dans les préfectures et à proximité de l'Assemblée nationale afin de réclamer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire.
Une demande visant à manifester pacifiquement, le secrétaire général de la branche cheminots, Thierry Nier, souhaitant un rassemblement « sans outrance, ni violence. Ça veut dire, massivement, réexprimer la nécessité de voir aboutir le choix des urnes, avec un gouvernement notamment issu du Nouveau Front populaire », sur la petite place située à côté de l’Assemblée nationale a déjà été déposée.
Bien que ce mode d'action ne soit pas apprécié par tous les syndicats, Thierry Nier tente de convaincre en expliquant la pertinence de ce procédé en une telle situation. « Les préfectures, c'est la représentation de l'Etat dans les territoires : on n'allait pas aller devant un supermarché ! Donc, on interpelle là où est la représentation de l'Etat. À l'Assemblée nationale, le jour de la mise en place, on interpellera pour que ça accélère ».
L’UNSA Ferroviaire quant à elle s’oppose à cette manifestation comme l’indique Fabrice Charrière, secrétaire général du syndicat : « Il nous semble pour que le moment que des discussions sont en cours. Il faut en attendre l'issue pour voir ce qui va en sortir ». Les autres organisations, comme Sud Rail et la CFDT, premier syndicat de France, ont fait savoir après leur réunion interfédérale qu’ils n’appelaient pas non plus à ces rassemblements.
Menace d’une motion de censure immédiate dans le cas d’un gouvernement comptant des personnalités issues de LFI
Alors que les négociations se poursuivent au sein du Nouveau Front Populaire pour la désignation d'un Premier ministre à proposer à Emmanuel Macron, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé prévient sur France Info, vendredi 12 juillet, quant à « la nécessité de former un gouvernement qui garantit à notre pays une stabilité ».
La députée Renaissance des Yvelines explique alors que « si demain un gouvernement venait à être formé avec, en son sein, ne serait-ce qu'un seul secrétaire d'État de La France insoumise, nous déposerions immédiatement une motion de censure ». Aurore Bergé affirme que pendant toute la campagne préalable aux élections européennes, « la France insoumise a attisé l'antisémitisme, voire a légitimé l’antisémitisme ».
Prenant en compte qu’« il y a deux blocs qui peuvent avoir une majorité relative [à l'Assemblée], pas absolue. Personne ne pourra compter jusqu'à 289 députés, c'est sûr », Aurore Bergé déclare n’avoir aucun problème à être une députée d'opposition si un gouvernement du Nouveau Front Populaire devait être formé. Elle prévient néanmoins que « s'il y avait un membre de La France insoumise qui devenait membre du gouvernement, par souci de clarté vis-à-vis des Français, de conviction et de cohérence, alors ce gouvernement serait immédiatement censuré ».
Aurore Bergé s'oppose également à l'application du programme du Nouveau Front Populaire, qu’elle juge dangereux pour le pays. « Je ne crois pas que nos artisans et nos commerçants pourraient supporter le poids d'avoir un smic à 1 600 euros dès cet été », avance-t-elle.
Un nouveau parti nommé L’Après constitué par les dissidents de LFI
Plusieurs dissidents de La France Insoumise tels que Raquel Garrido, Alexis Corbière et Danielle Simmonet ont annoncé vendredi 12 juillet lors d’une conférence de presse, le lancement de l’Association Pour une République Ecologique et Sociale (L'Après) et ont déclaré que cette initiative aurait pour vocation d'être « au service du Nouveau Front populaire ».
Cette nouvelle force politique nommée L’Après se veut un espace d’incubation afin que « le rassemblement des gauches et des écologistes puissent grandir et gagner dans le pays », comme l’explique Clémentine Autain lors de ce point presse.
Ces membres veulent « lancer un processus de construction d'une nouvelle force politique » dont la première étape est de « créer ce sas, cet espace d'incubation pour les 'désorientés' pour retrouver une maison commune », précise encore Clémentine Autain.
La députée estime en effet qu'il est nécessaire « qu'on sorte d'une manière très virile et brutale de faire de la politique. Nous avons beaucoup à faire sur les méthodes politiques et notre rapport au pouvoir », conclut-elle.
Danielle Simmonet, députée réélue de la quinzième circonscription de Paris et invitée sur BFMTV peu après la conférence de presse, explique qu'il s'agit de « créer un outil démocratique (...) qui reprend le programme socle de l'avenir en commun (le programme de LFI, NDLR) ». Elle termine en se disant très attachée au NFP et souhaitant « être utile dans les rapports de force ».
Post-législatives : pourquoi la gauche prend-elle autant de temps pour proposer le nom d'un Premier ministre ?
Cinq jours après leur victoire aux élections législatives, les différentes composantes du Nouveau Front Populaire (NFP) ne se sont toujours pas mises d’accord sur le nom d'un Premier ministre potentiel à soumettre au Président de la République, une attente que beaucoup, tant dans l’opposition qu’au sein de l’alliance, jugent trop longue et néfaste.
Les différentes têtes d’affiche du Nouveau Front Populaire se succèdent dans les médias pour calmer la panique naissante, essayant tant bien que mal de rassurer les esprits. Tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, déclare sur TF1 que « la discussion avance positivement » donnant l’exemple que « dans un certains nombre de pays en Europe, il faut parfois plusieurs mois pour constituer un gouvernement », quelques minutes plus tard, Marine Tondelier, son homologue des Écologistes, temporise de la même façon sur BFMTV-RMC en prenant l’exemple d’autres pays européens, « au Danemark, ils ont mis un mois et demi pour faire un gouvernement. En Allemagne, ils ont mis plus de deux mois. En Espagne quatre mois et aux Pays-Bas, ils ont mis 222 jours ».
Reste que ces atermoiements font le régal des adversaires du NFP qui n'ont pas attendu pour contester leur victoire, à commencer par Emmanuel Macron, qui dans sa lettre aux Français, considère que « personne ne l'a emporté » et appelle à construire une « majorité solide » autour de « valeurs républicaines claires et partagées ». Ce souhait équivaut à demi-mot à une exclusion de tout membre issu de LFI qu'il n'a eu de cesse de présenter hors de « l'arc républicain ».
Stratégiquement, le but est de récupérer le Parti socialiste du côté du camp présidentiel même si certaines personnalités macroniste, à l’instar de Gérald Darmanin, se tournent uniquement vers Les Républicains, avec paradoxalement le même objectif visant à démontrer qu'il existe une autre majorité, plus large.
Quand Laurent Wauquiez et certains Républicains (LR) proposent un « pacte législatif », le président du Sénat, Gérard Larcher, promet sur BFMTV et RMC une motion de censure contre un hypothétique gouvernement NFP, bien que ce pouvoir appartienne aux députés.
Du côté de l'extrême droite, après une annonce faite jeudi au Figaro par le secrétaire général du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, Renaud Labaye, qui prétendait que sa formation ne censurerait pas obligatoirement un gouvernement de gauche si celui-ci s’en tenait à « des mesures consensuelles », Marine Le Pen déclare aussitôt que « le groupe RN censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles ».
Dans cette course contre la montre où tout le monde parle pour ne pas dire grand chose, la gauche met son unité au défi. Comme le disait Sandrine Rousseau sur RMC ce jeudi, « nous mettons beaucoup trop de temps, maintenant il nous faut sortir les noms, on perd du terrain ». Elle pointait par ailleurs le risque de se décrédibiliser : « On inquiète d'une certaine manière en étant pas capable de sortir une équipe et un gouvernement ».
À l’heure actuelle, les discussions continuent en raison notamment de désaccords entre socialistes et insoumis, les seconds invoquant la règle de la désignation du Premier ministre par le groupe politique disposant du plan grand nombre de députés, le problème étant la manière de compter. Comme le faisait remarquer Boris Vallaud, président des députes du Parti socialiste, faisant campagne pour Olivier Faure au poste de Premier ministre, « il ne vous aura pas échappé qu'il y a des sénateurs socialistes et que d'ores et déjà, nous avons plus de 120 parlementaires dans les deux chambres réunies, que la dynamique du groupe socialiste est extrêmement forte puisque nous augmentons considérablement nos effectifs à l’Assemblée nationale ».
Tout l'inverse, selon les socialistes, de Jean-Luc Mélenchon, proposé par LFI aux côtés de Mathilde Panot, Clémence Guetté et Manuel Bompard, tous très proches du leader insoumis. Reste à savoir si le trait d'union jusqu’ici manquant peut émaner d'une autre formation, comme les Ecologistes au travers de Marine Tondelier par exemple.