Macron vu de l'étranger
La BCE en embuscade, Attal suspend la réforme de l'assurance chomage, Dati sauvée par la presciption, un gouvernement d'union ?
La France vue de l'étranger : la une d'Il Manifesto
Les médias étrangers témoignent de leur inquiétude de voir l'extrême droite aux portes du pouvoir en France. Le quotidien communiste italien Il Manifesto, fondé en 1969, titre sur ce séisme électoral avec 3 mots "Veni, vidi, Vichy" à côté de la silhouette en profil d'Emmanuel Macron. Cette double référence convoque la célèbre expression latine de l’empereur Jules César "Veni, vidi, vici" signifiant "Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu" ainsi que le souvenir du régime instauré par les autorités françaises pour assurer la gouvernance du pays lorsque celui-ci était sous occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. En introduction de son article, le journal analyse le choix fait par le Président de la République de dissoudre l'Assemblée Nationale comme suit "En gouvernant, il a ouvert la porte à la droite. En convoquant des élections anticipées, il l’a grande ouverte. Et maintenant, Macron reste vague sur le désistement de ses candidats face au Nouveau Front populaire. La gauche avec ses candidats fait barrage, mais le second tour peut ramener la France à son sombre passé". Il dresse également un constat alarmant sur la situation dans l'Hexagone, s'indignant du rapprochement entre le "gaulliste" Eric Ciotti et le Rassemblement national, qu'il décrypte comme "le fait pur et simple que la bourgeoisie française (et une grande partie de la bourgeoisie européenne) n’a plus peur des formes contemporaines de fascisme". Un autre quotidien italien, milanais cette fois-ci, Il Foglio, pourtant conservateur et marqué à droite, a choisi de faire sa une sur le président du RN et potentiel futur Premier ministre en cas de majorité absolue dimanche soir, Jordan Bardella, en titrant "Le diable s’habille en Bardella".
La suspension de la réforme de l'assurance-chômage "assumée" par Gabriel Attal
Invité de TF1 ce lundi 1er juillet au lendemain du premier tour des élections législatives, le Premier ministre Gabriel Attal a assumé la suspension de la réforme du système d'assurance-chômage, ne souhaitant pas que la publication du décret puisse être perçue comme "une forme de passage en force". Ainsi que l'avait fait Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 12 juin, il a néanmoins rappelé la nécessité d'une telle réforme. Pour éviter tout vide juridique, un décret de jointure a été publié par le gouvernement afin de prolonger les règles actuelles et de permettre l'indemnisation des chômeurs jusqu'à fin juillet. Au micro de France Inter, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, s'est dit "très circonspect sur les gages que l'on peut donner, sur les positions de circonstances, sur les accommodements, sur les calculs". Les forces de gauche et les syndicats avaient fortement critiqué la modification du mécanisme d'indemnisation défendue par le gouvernement, cette dernière durcissant par exemple les conditions d'affiliation.
La Banque Centrale Européenne met en garde sur une inflation non enrayée avant fin 2025
À Sintra au Portugal, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a annoncé que l'objectif d'une inflation à 2% dans la zone euro ne serait pas atteint avant la fin 2025. Il faut rappeler que le taux d'inflation avait culminé à 10,6 % en octobre 2022. Pour la première fois depuis cinq ans, l’institution monétaire a réduit ses taux en juin, suite au seuil des 2,6% franchi en mai. Cette réduction est malgré tout largement anticipée et vise à quitter le plus haut niveau historique ayant jamais existé. La BCE craint l'imprévisibilité du futur due à la volatilité de l'inflation. Bien que les pénuries de biens post-crise du Covid-19 paraissent lointaines et que la hausse des prix de l’énergie enclenchée par la guerre russe en Ukraine ne pèse plus autant, Christine Lagarde évoque "l’évolution du lien entre profits, salaires et productivité", alors que les salariés obtiennent des hausses de salaires pour tenter de rattraper une perte de pouvoir, comme un risque potentiel. Des hausses sont donc à prévoir en ce qui concerne les tarifs de l’énergie ainsi que dans les services influencés par la forte composante salariale.
La possibilité d'un gouvernement d'union nationale avant le second tour des législatives
Plusieurs stratégies se mettent en place pour contrer le Rassemblement national dans cet entre-deux tours. C'est ainsi que se fait jour l'idée, défendue à gauche au sein du Nouveau Front Populaire, d'un "arc" républicain composé à partir d'une union avec le camp présidentiel. Lundi 1er juillet sur France Info, Philippe Brun, député PS sortant de l'Eure, bien qu'il ne soit pas favorable à un rassemblement au même titre que l'ancienne majorité présidentielle, plaidait pour "former à l'Assemblée nationale un gouvernement d'union nationale dans le sillage du Conseil national de la résistance, allant des gaullistes à la gauche" car "ce qui se joue désormais, c'est la sauvegarde de la République, le maintien de nos institutions, le maintien de la liberté, de l'égalité et de la fraternité", espérant que les responsables politiques feront "passer le pays avant les partis". Ce qu'il faudrait, "ce serait un gouvernement plus collectif", estime-t-il. Le communiste Sébastien Jumel y met cependant comme condition le respect de plusieurs points du programme du Nouveau front populaire et déclare : "on pourrait se fixer des objectifs simples, on n'est pas obligé d'être d'accord sur tout, d'ailleurs sinon ce sont les pleins pouvoirs à la peste brune et aux ennemis de la République". Des noms tels que ceux de Valérie Rabault ou de Boris Vallaud, deux figures socialistes de l'Assemblée, circulent déjà pour prendre la tête de ce gouvernement.
Affaire Carlos Ghosn : vers une prescription pour Rachida Dati ?
Citée depuis 2019 pour son implication dans l'affaire Carlos Ghosn dite "Renault-Nissan", Rachida Dati attend ce mardi la décision de la Cour d’appel de Paris sur sa demande d’annulation des poursuites la concernant. Ancienne garde des Sceaux et ex-maire du VIIème arrondissement de Paris, la ministre de la Culture avait fait l'objet d'une mise en examen à l'été 2021 pour corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public. Le Parquet national financier la soupçonne d’avoir perçu 900 000 euros de la part de RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, sans contrepartie d’un travail réel, alors qu’elle était avocate et députée européenne et cherche donc à connaître ses conditions de rémunération par le groupe automobile de 2010 à 2012, quand Carlos Ghosn en était encore le patron. Ces 900 000 euros correspondent-ils à des activités de conseil en tant qu’avocate ou à un emploi de complaisance pour masquer des activités de lobbying qui sont pourtant interdites aux parlementaires européens ? Rachida Dati conteste toute forme d’illégalité et dément toutes les accusations d.epuis la première apparition de son nom, dans une plainte déposée en 2019 par une actionnaire de Renault. Les avocats de la ministre ont déclaré à l'AFP : "Nous attendons avec sérénité que la prescription soit constatée. C’est une évidence judiciaire".