L'évolution des négociations du conclave sur les retraites
Première déclaration commune du G7 canadien, 14 morts dans des frappes russes à Kiev, réforme de l’audiovisuel public, le sauvetage des zones à faibles émissions.
L’évolution des négociations du conclave sur les retraites
Le conclave sur les retraites prend fin, mardi 17 juin, après quatre mois de tractations menées par cinq participants : le Medef et la CPME côté patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC pour les représentants des salariés. Jusqu'à la dernière minute, chacun espère pouvoir obtenir des concessions, pour apporter des aménagements à la réforme Borne sur les retraites de 2023, et trouver une piste de financement du déficit du système des retraites.
Si aucun accord n'est trouvé, aucun texte final ne débouchera de ces négociations extraordinaires. François Bayrou a proposé aux partenaires sociaux la mise en place d’une prime pour les salariés seniors qui décident de rester au travail, en leur versant une partie de leur retraite en plus de leur salaire.
"Qu'il y ait un texte signé ou non à la fin, dans tous les cas, ce sera un échec", anticipe la CGT, par la voix de sa secrétaire confédérale, Catherine Perret. La représentante n'est restée que trois semaines autour de la table des négociations, avant que la CGT ne décide de quitter le conclave le 19 mars. Avant elle, Force ouvrière avait déjà claqué la porte, dès le premier jour des discussions, le 27 février. Pour Catherine Perret, qui a malgré tout observé avec attention l'évolution des discussions, "cette négociation, c'est une fumisterie".
L'initiative, lancée mi-janvier par François Bayrou, promettait un trimestre de négociations "sans aucun totem ni tabou" avec l’espoir pour les syndicats de revenir sur la très sensible question de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
Le 16 mars, lorsqu'il est interrogé sur la question, François Bayrou calme les velléités syndicales en affirmant qu'il n'est plus possible de revenir sur cette mesure. La marge de manœuvre des partenaires sociaux est grandement restreinte et cette prise de parole provoque le départ de la CGT.
"Forcément, on est déçus, on pensait faire bouger les choses sur les 64 ans", admet Pascale Coton, négociatrice de la CFTC. Ceux qui décident de rester font alors valoir des revendications diverses. Pour la CFTC, la signature d'un accord sera écartée si les organisations patronales refusent d'évoluer sur l'âge de décote, qui impose une pénalité aux retraités partant à l'âge légal sans avoir cotisé suffisamment.
C'est un "point névralgique dans la discussion", acquiesce Yvan Ricordeau, de la CFDT. Le syndicaliste appelle par ailleurs à la reconnaissance de critères ergonomiques de pénibilité "pour que le salarié puisse obtenir un départ anticipé". À défaut d'avoir pu obtenir un retour en arrière sur l'âge de départ à la retraite, le syndicat a en effet décidé de jeter toutes ses forces dans la bataille sur ces deux points.
Cette politique des petits pas s'est déjà avérée payante sur quelques points. Dans un document recensant ses propositions, le Medef se dit ouvert à des concessions concernant la retraite des femmes, avec une révision plus favorable du mode de calcul pour celles ayant connu des interruptions de carrière. L'organisation patronale propose aussi la prise en compte de critères de pénibilité pour obtenir des droits à la formation ou à la reconversion, sans que cela n'ouvre pour autant des droits à la retraite anticipée. Mais le Medef refuse toujours de lâcher prise sur une hausse des cotisations patronales.
Vouloir changer le régime iranien par la force serait une erreur pour Emmanuel Macron
L'escalade de la violence entre Israël et l'Iran est dans toutes les discussions du G7, au Canada. Emmanuel Macron a estimé que vouloir changer le régime en Iran par la force serait une "erreur stratégique". Téhéran a annoncé des frappes "sans interruption jusqu'à l'aube" en réponse à la nouvelle vague d'attaques israéliennes contre sa télévision nationale et plusieurs autres cibles.
Donald Trump a quitté prématurément le sommet, estimant que "tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement" dans un court message publié sur son réseau Truth Social. "L'Iran aurait dû signer l’accord quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D’ARME NUCLEAIRE".
Les pays du G7 affirment le droit d'Israël à se défendre et appellent à protéger les civils. Dans une déclaration commune, ils affirment également que "l'Iran est la principale source d'instabilité et de terrorisme dans la région" et demandent "que la résolution de la crise en Iran aboutisse à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza".
Au moins 14 morts dans des frappes russes cette nuit à Kiev
Au moins 14 personnes sont mortes et 44 ont été blessées dans des frappes russes qui ont visé la capitale ukrainienne, dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 juin. "27 sites dans différents districts de la capitale ont été la cible de tirs ennemis cette nuit. Parmi eux se trouvent des immeubles résidentiels, des établissements éducatifs et des infrastructures critiques", rapporte le ministre de l'Intérieur ukrainien, Igor Klymenko.
"La Russie poursuit sa guerre contre les civils", accuse le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky. Dans un message sur Telegram, Andriy Yermak dénonce de nouvelles frappes russes sur "des immeubles résidentiels à Kiev". Dans le district de Solomiansky, un ressortissant américain de 62 ans est décédé lors de ces frappes. En soutien à l’Ukraine, Emmanuel Macron appelle à "aller beaucoup plus loin dans les sanctions" contre la Russie.
Examen en commission de la réforme de l’audiovisuel public
La réforme de l'audiovisuel public fait son énième retour à l'Assemblée nationale. La commission des affaires culturelles reprend ses travaux sur une proposition de loi visant à rapprocher France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'INA. Déjà adopté au Sénat en première lecture, le texte prévoit la création d’une "holding" pour chapeauter ces médias.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, plaide de longue date pour la création d'une "BBC à la française". Les syndicats y voient, eux, le prélude à une fusion. La proposition de loi du sénateur centriste Laurent Lafon prévoit la création d’une holding baptisée "France Médias" dont l'Etat serait actionnaire à 100%.
À compter du 1er janvier 2026, cette société mère chapeautera France Télévisions, Radio France, l'Institut national de l'audiovisuel et France Médias Monde. Le texte ne prévoit pas de faire disparaître ces entreprises.
"Comme les actuels PDG de France Télévisions et de Radio France", celui de "France Médias" serait désigné pour cinq ans par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. La proposition de loi mentionne également la nomination d'une personne "chargée de veiller à l'impartialité de l'information" au conseil d'administration de la holding.
Le texte prévoit aussi de financer l'audiovisuel public via "une ressource publique de nature fiscale, pérenne, suffisante, prévisible et prenant en compte l'inflation". Toutefois, une loi a déjà été adoptée en novembre afin d'affecter un "montant d'impôt d'Etat" à l'audiovisuel public. Elle pérennise l'allocation d'une fraction des recettes de TVA aux médias publics, en remplacement de la redevance, supprimée en 2022.
Le sauvetage des zones à faibles émissions
Créées en 2019 et étendues en 2021, les zones à faibles émissions affichent l'objectif d'améliorer la qualité de l'air et de limiter les émissions de particules fines, en excluant certains véhicules en fonction des vignettes Crit'Air. Mais ces ZFE, qui font polémiques, ont été supprimées fin mai par les députés RN, La France insoumise et Les Républicains.
Les députés doivent maintenant se prononcer sur la totalité de la loi, en votant pour ou contre le texte en entier. Les députés macronistes vont voter contre ce projet de loi de simplification de la vie économique, même si c'est un texte de leur gouvernement car le texte est dénaturé.
Au début du mois, Emmanuel Macron s’est agacé de ce retour en arrière sur une série de mesures emblématiques de son mandat, comme les ZFE. Au vu des équilibres à l'Assemblée nationale, ce projet de loi a de très fortes chances d'être rejeté. Mais ce n'est pas la fin du feuilleton puisque le prochain épisode est celui de la commission mixte paritaire, où sept députés et sept sénateurs devront finaliser le texte. Le Rassemblement national dénonce un tour de passe-passe parlementaire.