Les surtaxes douanières de Donald Trump
Les difficultés s'accumulent pour Elon Musk, Vencorex menacée de liquidation, vers la reconnaissance d'un État palestinien par la France, exfiltration des journalistes du média Frontières à l'AN.
Les surtaxes douanières de Donald Trump
Dans une volte-face spectaculaire, Donald Trump a annoncé qu'il augmentait encore les droits de douane sur les produits venus de Chine, mais qu'il suspendait pendant trois mois les surtaxes imposées aux autres pays. Wall Street, qui avait plongé récemment à cause de la guerre commerciale déclenchée par la Maison Blanche, a immédiatement bondi à l'annonce de cette pause, et le cours du pétrole est reparti à la hausse.
Reprochant à la deuxième puissance mondiale son "manque de respect", le président américain a annoncé porter "immédiatement" à 125% la taxe frappant les importations chinoises. Il assure par ailleurs que "plus de 75 pays" se sont manifestés auprès de son gouvernement pour "négocier" une solution en matière commerciale.
Ces pays n'ayant selon lui pas "riposté" contre les États-Unis, Donald Trump leur accorde donc "une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement".
Quelques heures après cette déclaration, Donald Trump a précisé qu'il "n'imaginait pas" devoir augmenter une nouvelle fois les droits de douane américains visant les produits chinois.
Les difficultés s'accumulent pour Elon Musk
Les méthodes du milliardaire, chargé de réduire les coûts et les effectifs de l'administration américaine, font débat au sein des républicains.
En réponse à une vidéo dans laquelle Peter Navarro, conseiller au commerce de Donald Trump, estimait que le patron de Tesla n'est "pas un fabricant de voitures" mais seulement un "assembleur" travaillant avec des pièces importées d'Asie, Elon Musk a qualifié ce dernier de "crétin bête comme ses pieds".
La Maison Blanche a minimisé l'affaire. Elle est pourtant symptomatique des difficultés d'Elon Musk au sein de l'équipe de Donald Trump. Les médias américains font état, depuis plusieurs semaines, de tensions entre le patron de Tesla et certains de ses collègues. Ils jugent ses méthodes trop brutales et s'irritent de le voir empiéter sur leurs compétences. Début mars, le New York Times a fait état d'une dispute entre le patron du département de l'efficacité gouvernementale et le chef de la diplomatie, Marco Rubio. Le quotidien a aussi relayé une dispute avec le ministre des Transports, Sean Duffy.
Si le président américain a encore récemment salué le travail d'Elon Musk, il a ouvert la porte à un départ, affirmant que le propriétaire de Tesla "a une grande entreprise à diriger". Selon Politico, Donald Trump a déclaré à ses proches que son allié quitterait son poste dans les prochaines semaines.
Côté business, les ventes mondiales de Tesla ont baissé de 13% au premier trimestre. En Europe, la chute est encore plus impressionnante : presque 50% de moins sur les deux premiers mois de l'année. Les appels au boycott et les manifestations se multiplient aux États-Unis et dans d'autres pays, tandis que des voitures et des concessions Tesla sont ciblées par des actes de vandalisme.
La valorisation de l'entreprise Tesla a chuté en bourse ces derniers mois : ses actions ont chuté de 46% depuis décembre 2024. La fortune d’Elon Musk a baissé de 4,4 milliards de dollars lundi, le jour où les Bourses mondiales ont dévissé. Elle s’élève aujourd’hui à 290 milliards de dollars, soit 143 milliards de moins qu'au 1er janvier.
L'usine chimique Vencorex menacée de liquidation
Le tribunal de commerce de Lyon a statué aujourd’hui sur la menace de liquidation judiciaire de l’usine chimique Vencorex, au Pont-de-Claix, près de Grenoble. Les juges devaient trancher entre une reprise partielle par un groupe chinois ou le rachat en coopérative par des salariés. Le sel produit par l'usine est indispensable à la fabrication de missiles de la dissuasion nucléaire et de fusées.
L'usine Vencorex est en redressement judiciaire depuis le 10 septembre, à la demande de son unique actionnaire, le groupe thaïlandais de pétrochimie PTT GC. Elle emploie actuellement 300 employés alors qu’ils étaient 450 en septembre 2024.
Les syndicats et des personnalités politiques locales et nationales comme Jean-Luc Mélenchon ou François Hollande s'inquiètent d'un effet domino sur l'ensemble de la vallée de la chimie, qui emploie près de 6 000 personnes autour de Grenoble.
Le tribunal de commerce de Lyon a donc arbitré entre une reprise partielle par un groupe chinois ou le rachat en coopérative par des salariés. La première offre vient du groupe chinois Wanhua, principal concurrent de Vencorex, via une filiale hongroise. Il prévoit d'investir 10 millions d'euros et de ne conserver que 50 emplois.
La seconde offre émane de deux salariés de la CGT, aidés par un entrepreneur local. Ils envisagent de reprendre la totalité des actifs corporels et incorporels de Vencorex, ainsi que 273 employés sur les 301 que compte désormais l'entreprise. Les salariés proposent un prix symbolique de 2 euros pour cette reprise, qui se ferait sous la forme d'une société coopérative d'intérêt collectif.
En fin de matinée, la reprise de Vencorex a été attribuée au groupe chinois Wanhua.
Reconnaissance d’un État palestinien par la France
Emmanuel Macron envisage que la France reconnaisse un État palestinien en juin, à l'occasion d'une conférence internationale coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite à New York.
Le président de la République dit aussi vouloir "participer à une dynamique collective, c'est-à-dire qui doit permettre à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël ; d'être clairs contre ceux qui nient le droit d'Israël à exister, ce qui est le cas de l'Iran ; et de nous engager sur une sécurité collective de la région".
La ministre palestinienne aux Affaires étrangères, Varsen Aghabekian Shahin, a salué cette annonce, la reconnaissance par la France de l'État palestinien "serait un pas dans la bonne direction, conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux États".
Près de 150 pays reconnaissent l'État palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont ainsi franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux États reste rejetée par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.
Exfiltration des journalistes du média Frontières à l'Assemblée nationale
Le Rassemblement national par la voix du député Jean-Philippe Tanguy annonce que le parti refusera de reprendre les travaux à l'Assemblée nationale après un communiqué de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet concernant l’exfiltration de journalistes du média identitaire Frontières à l'Assemblée nationale.
Ces incidents ont eu lieu lors d'un rassemblement de collaborateurs au Palais-Bourbon. Ce rassemblement était destiné à protester contre un article de ce média. Il était organisé dans les jardins à deux pas de la salle des Quatre Colonnes, à l'appel notamment de la CGT, après la publication d'un dossier de Frontières intitulé "LFI le parti de l'étranger".
Il y a eu des échanges tendus entre les journalistes de Frontières et des participants à ce rassemblement dont des parlementaires. "Aucune démarche pouvant s'apparenter à une mise en scène ou à des provocations quelle qu'en soit la nature ne saurait être tolérée", a déclaré Yaël Braun-Pivet. La méconnaissance "de ces règles peut donner lieu à des mesures restrictives d'accès à l'Assemblée et de retrait d'accréditation", indique le communiqué.