François Bayrou peut-il faire adopter son budget et éviter la censure ?
Israël veut annexer la Cisjordanie occupée, l’Union européenne hésite à sanctionner Israël, libération conditionnelle de Serge Atlaoui, Michel Barnier se présente aux législatives parisiennes.
François Bayrou peut-il faire adopter son budget et éviter la censure ?
Le débat à venir sur la censure ou non devrait dépendre, une nouvelle fois, des votes du Parti socialiste et du Rassemblement national à l'Assemblée. Début décembre 2024, le groupe de Marine Le Pen avait fait chuter le gouvernement Barnier. A contrario, le Parti socialiste a passé l'an dernier un pacte de non-censure avec François Bayrou, lui permettant de poursuivre sa route à Matignon. Mais les deux camps ont réagi très fraîchement aux propositions budgétaires du Premier ministre.
"Sur les bases actuelles, la seule perspective possible est la censure", a prévenu Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, sur BFMTV. "Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons", a aussi averti Marine Le Pen.
Il est encore trop tôt pour avoir une idée claire du jeu politique à la rentrée parlementaire. Surtout qu'il ne faudrait pas oublier dans l'équation les principaux soutiens du gouvernement, le bloc central et Les Républicains. Le camp présidentiel devrait soutenir les annonces de François Bayrou, tout en amendant certains points.
Face à ce terrain miné à l'Assemblée et à sa forte impopularité, François Bayrou pourrait choisir une troisième voie : faire adopter le budget par voie d'ordonnance en s'appuyant sur l’article 47 de la Constitution. "Si le Parlement ne s'est pas prononcé dans un délai de soixante-dix jours, les dispositions du projet peuvent être mises en vigueur par ordonnance", dispose cet article.
Israël multiplie les avancées vers l’annexion de la Cisjordanie
Derrière la guerre dans la bande de Gaza, l'État hébreu soutient l'expansion de colonies illégales en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967. À Tel-Aviv, plusieurs voix portent ouvertement une volonté d'annexion de la région.
"2025, l'année de la souveraineté en Judée-Samarie", clamait en novembre le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, un colon d'extrême droite employant le nom biblique de la Cisjordanie. Plus récemment, le ministre de la Défense, Israël Katz, a envoyé "un message clair" à Emmanuel Macron "et à ses amis" : "Ils reconnaîtront un État palestinien sur le papier, et nous construirons ici l'État juif israélien". D'autres ministres du Likoud, formation politique de Benyamin Nétanyahou, ont poussé pour l'annexion de la Cisjordanie, avant la suspension des travaux parlementaires.
Dans cette logique, les autorités israéliennes ont validé fin mai la formation de 22 colonies à travers la Cisjordanie. "Une décision historique", a salué Israël Katz, faisant fi des rappels de l'ONU sur l'illégalité de ces constructions au regard du droit international. En 2022, les colons avaient déjà saisi l'équivalent de 7% de la Cisjordanie grâce à 77 avant-postes.
En parallèle, l'État hébreu se lance dans un programme de cadastrage de la zone C, qui inclut plus de 60% du territoire palestinien. Les velléités annexionnistes se traduisent aussi par les permis de construire dans les colonies. En six mois, près de 20 000 nouvelles habitations ont été approuvées.
Les avant-postes des colons bénéficient d'un soutien gouvernemental israélien inédit constitué d’une aide financière des ministères des Finances ou de l'Agriculture et d’un budget dédié à leur sécurité. Ces dernières années, le nombre de Palestiniens tués par des colons ou des forces israéliennes a bondi en Cisjordanie occupée. Entre janvier 2024 et mai 2025, 633 Palestiniens sont morts dans ce territoire.
Au fil des avancées et des attaques de colons, de plus en plus de Palestiniens sont poussés à l'exil. Les avant-postes israéliens ont chassé de leurs terres plus de 60 communautés pastorales palestiniennes tandis que des transferts de population d'une autre ampleur se jouent plus au nord de la Cisjordanie, du fait de l’opération militaire "Mur de Fer". En début d'année, Tsahal l'a lancée pour "éradiquer le terrorisme" dans le camp de réfugiés de Jénine.
L’Union européenne hésite à sanctionner Israël pour violation des droits humains
Les chefs de la diplomatie européenne se réunissent pour examiner une révision de l’accord d’association avec l’État hébreu pour avoir violé ses obligations en matière de droits humains. Entré en vigueur en 2000, ce texte encadre les relations commerciales entre les deux partenaires. Le traité prévoit une clause sur le respect des droits de l'homme, que plusieurs États européens estiment bafoué par Israël du fait de ses actions à Gaza.
Le ministre des Affaires étrangères israélien, Gidéonne Sarr, a fait part de sa certitude qu'aucune mesure de rétorsion ne sera adoptée. L'Europe pourrait frapper fort en suspendant tous ses volets économiques, culturels ou politiques avec l'État hébreu. Mais cela reste hautement improbable étant donné que ce type de décision nécessite l'unanimité des 27, et que des pays comme l'Allemagne et l'Italie y sont clairement opposés.
La possibilité de mesures relatives aux échanges universitaires et au financement de la recherche, comme le programme Horizon Europe bénéficiant d'un milliard d'euros investis depuis près de cinq ans dans la science et les start-up de l'État hébreu, est une possibilité, bien que ce programme a toujours été neutre et n'a jamais été influencé par des considérations politiques.
L’option la plus probable est donc l'absence de sanctions. Israël a promis, en échange, d'améliorer les conditions d'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Un point de passage a été ouvert au nord et la semaine dernière, pour la première fois depuis 130 jours, du fuel est entré dans l'enclave.
La justice française autorise la libération conditionnelle de Serge Atlaoui
Le procureur de Meaux en Seine-et-Marne a annoncé la libération conditionnelle de Serge Atlaoui, ancien condamné à mort en Indonésie. Le Français, âgé de 61 ans, avait été condamné à mort en 2007 par la justice indonésienne pour trafic de drogue, une accusation dont il s'est toujours défendu.
Détenu depuis 2005, Serge Atlaoui avait été transféré en France en février dernier. Actuellement incarcéré dans la prison de Meaux-Chauconin, sa peine avait été commuée par le tribunal de Pontoise dans le Val-d’Oise en 30 années de réclusion criminelle.
Michel Barnier se présente aux législatives de la deuxième circonscription de Paris
L'ancien Premier ministre Les Républicains Michel Barnier a annoncé sa candidature à la législative partielle prévue dans la deuxième circonscription de Paris, le député macroniste sortant, Jean Laussucq, ayant été déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel.
Évoquant "le moment très grave où nous sommes pour notre pays", l'ex-élu savoyard souligne sur X que sa candidature "s'inscrit dans une démarche de rassemblement de la droite et du centre". Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a salué cette candidature, qu'il a présentée comme "une triple chance : pour Paris, pour LR et pour la France".
La candidature de Michel Barnier pourrait permettre au parti Les Républicains, qui soutient le gouvernement de François Bayrou, de ravir un nouveau siège à la formation présidentielle dirigée par Gabriel Attal, après celui conquis cet hiver par Elisabeth de Maistre à Boulogne-Billancourt.