Edition spéciale : Comment Donald Trump va-t-il gérer les crises géopolitiques ?
Les personnalités pressenties pour faire partie de l'équipe de Donald Trump, Donald Trump est-il débarrassé de ses affaires judiciaires ?
Comment Donald Trump va-t-il gérer les crises géopolitiques ?
En juillet, lors de son discours d'acceptation de l'investiture du Parti républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump avait déclaré « Je mettrai fin à toutes les crises internationales que l'administration actuelle a créées, y compris l'horrible guerre avec la Russie et l'Ukraine, qui n'aurait jamais eu lieu si j'étais président ».
Ukraine : la crainte d’importantes concessions à Vladimir Poutine
Donald Trump n'a eu de cesse de critiquer le soutien militaire et financier apporté à l'Ukraine par Joe Biden (près de 85 milliards d'euros depuis le 24 février 2022) ou d'afficher son admiration pour la poigne de fer de Vladimir Poutine.
Son projet serait la création d'une « zone démilitarisée » laissant à la Russie le contrôle des territoires qu'elle a déjà conquis, le temps des négociations. Une idée à l’encontre des revendications de l’Ukraine et satisfaisante pour la Russie qui obtiendrait l'annexion de quatre régions de l'est et du sud ukrainien.
Le plan de Donald Trump impliquerait aussi d'interdire l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan ou d'autres « institutions alliées », une autre revendication de Vladimir Poutine. De plus, une suspension ou un arrêt total de l'aide américaine, la plus conséquente depuis le début du conflit, laisserait l'Ukraine encore plus largement dépassée par la puissance de feu russe.
Proche-Orient : maintien d'un soutien total à Israël
Pas de changement majeur de politique envers Israël, même si, sur la cause palestinienne, Donald Trump ne cherchera pas à obtenir de garanties pour la protection des civils ou à encourager un cessez-le-feu, contrairement à la ligne tenue jusqu'alors par Joe Biden.
Lors de son premier mandat, le milliardaire a reconnu Jérusalem comme capitale et y a installé l’ambassade américaine, il fut à l'origine des accords d’Abraham qui entérinent une normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes et il a acté la reconnaissance de la souveraineté de l'État hébreu sur le plateau du Golan syrien occupé, faisant craindre une accélération des politiques de colonisation.
Otan : la peur d'une mise en retrait
Contrairement à Joe Biden, le républicain n'est pas un atlantiste et reproche régulièrement à ses alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord de ne pas financer suffisamment l'institution ou leur propre sécurité. Il a notamment menacé de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie.
Le pouvoir américain consacre près de 3,5% de son PIB à sa défense quand d'autres pays européens n'atteignent pas les 2% requis.
Taïwan : aide américaine en cas d'invasion chinoise ?
Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait rapproché les États-Unis de Taïwan, au grand dam de la Chine, qui considère l'île comme une partie de son territoire. Depuis, les États-Unis sont restés l'allié le plus puissant de l'île et leur principal fournisseur d'armes. Sans reconnaître Taïwan, ni soutenir l'idée d'une indépendance formelle, ils s'opposent à toute réunification par la force. Ils ont même voté cette année une assistance militaire directe à Taïwan.
Ces derniers mois, Donald Trump a reconnu que de fortes menaces de la part de Pékin planaient sur Taïwan et a évoqué le paiement que l’île devrait effectuer envers les États-Unis pour être défendue. Le président élu pourrait même vouloir transformer l'île en instrument de marchandage avec la Chine. Le gouvernement taïwanais part désormais du principe qu’il ne doit compter que sur lui-même.
Donald Trump est-il débarrassé de ses affaires judiciaires ?
En ce qui concerne les affaires fédérales, Donald Trump se retrouve désormais à l'abri des poursuites judiciaires dont il fait l'objet.
Seul le prononcé de sa peine dans l’unique procès au pénal que ses avocats n’ont pas réussi à retarder au-delà de 2024 interviendra avant son retour officiel à la Maison Blanche. Il encourt théoriquement jusqu’à quatre ans de prison pour « falsification comptable aggravée pour dissimuler un complot visant à pervertir l'élection de 2016 ».
Cette affaire concerne le paiement de 130 000 dollars, maquillé en frais juridiques, à l'ex-star de films pornographiques Stormy Daniels, pour taire une relation sexuelle en 2006, que Donald Trump dément.
Concernant les deux procédures fédérales qui le visent (dans le cadre des tentatives illicites d'inverser les résultats de l'élection en 2020 suivies de l'assaut du Capitole et pour les documents classifiés emportés chez lui après son premier mandat), l'horizon judiciaire de Donald Trump s'est éclairci cet été, avec la décision de la Cour suprême sur l'immunité présidentielle, le préservant de toutes poursuites pour les quatre années de son nouveau mandat. Ces procédures fédérales ne peuvent toutefois pas être annulées puisqu'elles ont été engagées avant son retour à la Maison Blanche.
Demeurent les poursuites en Géorgie où Donald Trump est poursuivi avec 14 autres personnes pour des faits similaires à ceux de son dossier fédéral à Washington, à savoir des tentatives d'inverser les résultats de l'élection de 2020. Donald Trump avait été contraint de se présenter dans une prison d'Atlanta pour une prise de photo d'identité judiciaire, une première humiliante pour un ancien président américain. Mais l’affaire s’est trouvée freinée par la découverte que la procureure locale entretenait une relation intime avec un enquêteur, suscitant une demande de dessaisissement de la part des avocats de Donald Trump.
Entre ces délais, les recours possibles et l'âge de Donald Trump, il est peu probable que ces procédures aboutissent.
Les personnalités pressenties pour faire partie de l'équipe de Donald Trump
Donald Trump a jusqu'au 20 janvier, date de son investiture, pour finaliser son équipe.
Elon Musk devrait logiquement intégrer la prochaine l'administration républicaine. Donald Trump a annoncé qu'il le chargera d'un audit du gouvernement en vue de réformes profondes. Que cela soit par le biais d’un poste ministériel ou celui plus probable d’un conseiller spécial, il ne se trouvera pas loin du Bureau ovale.
D'autres personnalités vont aussi tenir un rôle important autour de Donald Trump. Son vice-président, James David Vance, 39 ans, élu de l'Ohio, ancien militaire, auteur à succès, partisan d'une ligne dure sur l’immigration et favorable à une diminution de l'aide à l'Ukraine. Robert Kennedy Jr, neveu du président assassiné à Dallas, pourrait figurer dans le prochain casting de la Maison Blanche. Excentrique, antivax, mouton noir du clan Kennedy et adepte des théories complotistes, il s'était retirée de la course à la présidence pour se rallier à Donald Trump.
Le nom de Richard Grenell, ancien ambassadeur en Allemagne, circule pour le poste de conseiller à la sécurité nationale ou chef de la diplomatie. Celui de la stratège politique Susie Wiles, architecte du succès de Donald Trump, est en lice pour devenir chef de cabinet à la Maison Blanche. Par ailleurs, le président pourrait s'appuyer sur son clan familial, comme il l'avait fait lors de son premier mandat.
Les premiers résultats pour le Sénat et la Chambre des représentants
En même temps qu'ils élisaient le ou la prochaine locataire de la Maison Blanche, les électeurs américains étaient appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des représentants. Nombre d'entre eux ont également voté pour leur sénateur, en parallèle d'autres scrutins et référendums locaux. Le sort de la Chambre des représentants n'est pas encore scellé, mais le Sénat est d'ores et déjà aux mains des républicains (52 élus sur 100 pour le moment). Le basculement a été rendu possible grâce à deux succès électoraux des républicains, en Virginie-Occidentale et dans l'Ohio.
Les démocrates perdent ainsi leur fragile majorité au Sénat ou chambre haute du Congrès américain. L'institution se renouvelle par tiers tous les deux ans, lors d'élections de mi-mandat ou des scrutins présidentiels. Les sénateurs sont donc élus pour six ans.
Chaque État y est représenté par deux élus. L’institution peut sensiblement limiter le pouvoir du locataire de la Maison Blanche par son pouvoir d'approuver les nominations présidentielles, tout comme la ratification des traités. Elle peut aussi juger les responsables fédéraux mis en cause par la Chambre des représentants.
La Chambre des représentants ou chambre basse du Congrès américain est renouvelé tous les deux ans, à l'occasion des midterms ou de l'élection présidentielle. Le futur de ses 435 sièges se joue dans 43 circonscriptions déterminantes, dont une vingtaine très incertaines.
Les élus représentent les 50 États américains de manière proportionnelle. Institution législative, la Chambre des représentants dispose d'un pouvoir important face à l’exécutif. Elle élabore, adopte des lois, peut initier des projets de loi sur le budget, lancer des procédures de mise en accusation (impeachment) de responsables fédéraux, ou encore décider de l'issue de l'élection présidentielle si le vote des grands électeurs n'aboutit pas à un résultat clair.