Allocution d'Emmanuel Macron consacrée à la guerre en Ukraine
Conseil européen sur la guerre en Ukraine, nouveaux pourparlers entre Kiev et Washington, plan d'action européen pour l'automobile, lutte contre le narcotrafic et messageries.
Allocution d'Emmanuel Macron consacrée à la guerre en Ukraine
Dans une allocution télévisée consacrée à la défense nationale dans le contexte de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a déclaré que “la menace russe est là et touche les pays d'Europe” ajoutant que “cette agressivité ne semble pas connaître de frontières et face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie”.
Alors que le soutien américain aux Européens est incertain et que Donald Trump opère un rapprochement diplomatique avec Moscou, le président de la République juge que “les Etats européens doivent pouvoir mieux se défendre” et a promis des “investissements supplémentaires” dans le domaine de la défense pour lesquels “il faudra des réformes, des choix, du courage”.
C'est aussi la première fois qu'Emmanuel Macron accuse directement la Russie de mener des cyberattaques avant de préciser que la décision de recourir à l'arme nucléaire “a toujours été et restera entre les mains du président de la République” bien qu’un débat stratégique sur la protection de l'Europe par ce moyen soit à initier.
Conseil européen des Vingt-Sept avec Volodymyr Zelensky à Bruxelles
Les Vingt-Sept pays de l'Union européenne et Volodymyr Zelensky se retrouvent pour un sommet extraordinaire sur l’Ukraine. Parmi les priorités de cette réunion convoquée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : la question du renforcement de la défense européenne face à la menace russe et à celle du désengagement américain.
Dans un contexte géopolitique totalement modifié par les prises de position de Donald Trump, la Commission européenne a dévoilé un plan de réarmement visant à mobiliser quelque 800 milliards d'euros pour lequel la Commission doit recueillir l’accord de principe des Vingt-Sept lors de ce sommet.
Washington, qui s'est ouvertement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, a suspendu son aide militaire à l’Ukraine. À terme, cette suspension compromet la capacité de Kiev à se défendre face à l'agression russe. Le chef de la CIA a fait savoir que le partage de renseignement, élément pourtant essentiel aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille, était également à l’arrêt.
Kiev travaille à de nouveaux pourparlers avec les Etats-Unis
Après son altercation avec Donald Trump et J.D. Vance à la Maison Blanche, le président ukrainien poursuit ses efforts pour renouer le dialogue avec Washington.
L'Ukraine travaille en parallèle à de nouveaux pourparlers avec les Etats-Unis, après l'annonce du gel de l’aide militaire américaine à l’Ukraine et du partage de renseignement à Kiev. Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, s’est entretenu par téléphone avec le conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale, Mike Waltz. Les deux hommes ont “discuté des nouvelles mesures à prendre pour parvenir à une paix juste et durable” et ont convenu que leurs équipes se rencontreraient dans un avenir proche.
Volodymyr Zelensky a proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une “paix durable” et s'est dit disposé à signer un accord-cadre sur l'exploitation de ressources naturelles en Ukraine avec les Etats-Unis. Au même moment, Donald Trump a semblé rouvrir la porte au dialogue dans son discours devant le Congrès.
Ce que contient le plan d'action européen pour l'industrie automobile
Bruxelles a détaillé un plan d'action pour l'avenir de l'industrie automobile. Quotas minimums de véhicules électriques dans les flottes d'entreprises, soutien à l'innovation, assouplissement sur les émissions de gaz à effet de serre... L'exécutif européen se porte ainsi au secours d'un secteur “en danger de mort” face aux concurrents chinois et à la menace de surtaxes américaines brandie par Donald Trump.
Les différentes annonces ont suscité les applaudissements des constructeurs et les inquiétudes des associations. Dans un communiqué commun, Réseau action climat, la CFDT, l'ONG Transport & Environnement et la Fondation pour la nature et l'homme ont dénoncé “une position de défense des constructeurs automobiles historiques, Renault et Stellantis, et de leurs intérêts à court terme”.
Les mesures doivent encore faire leur chemin dans les instances européennes, mais Ursula von der Leyen se dit “sûre qu'une telle modification ciblée pourrait être approuvée rapidement par le Parlement européen et le Conseil”.
Proposition de loi contre le narcotrafic : introduction d'une porte dérobée dans les messageries
La proposition de loi “visant à sortir la France du piège du narcotrafic” adoptée à l’unanimité par le Sénat se concentre sur la création d'un régime carcéral exceptionnel pour les détenus les plus dangereux ou d'un Parquet national anticriminalité organisée. Mais un amendement déposé par le sénateur Les Républicains Cédric Perrin provoque la colère de tout le secteur du numérique, de nombreuses associations, d'élus et même de membres du gouvernement. Tous pointent un danger pour la vie privée et la sécurité numérique.
L'amendement entend “permettre aux services de renseignement d'accéder au contenu intelligible des correspondances et données” qui transitent sur les messageries proposant un chiffrage dit “de bout en bout” des communications, à l’image de WhatsApp, Signal, Messenger ou Telegram. Ce dispositif a été mis au point pour empêcher la plateforme d'avoir accès au contenu du message qu'elle fait transiter.
Le texte veut obliger ces services de messagerie à mettre en place des solutions techniques pour lever ce chiffrement à la demande des services de renseignement français. Il prévoit des amendes pouvant atteindre 2% du chiffre d'affaires annuel mondial de l'entreprise en cas de refus.
Les entreprises de messagerie et les spécialistes en sécurité informatique dénoncent unanimement l'installation par ce biais d'une “porte dérobée” : un accès spécifique à des données personnelles ou confidentielles “contenues dans un logiciel ou sur un matériel”, réservé à certains acteurs particuliers et “tenu secret vis-à-vis de l'utilisateur légitime”, selon la définition de la Commission nationale de l’informatique et des libertés.
Ce type de dispositif représente une opportunité en or pour des acteurs malintentionnés, comme des pirates informatiques. Même la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz, s'est élevée contre le texte et lors de son dépôt, cet amendement avait déjà reçu un avis défavorable des rapporteurs de la proposition de loi.