Accord Macron-Le pen, ça c'est fait
Tebboune réélu en Algérie, l'Abbé Pierre c'est mort, un opposant venézuélien réfugié en Espagne, les héritiers Eiffel contre Hidalgo
Le point sur les allégations d'accord entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron pour la nomination de Michel Barnier
Dans un article du 7 septembre, Le Journal Du Dimanche assure qu'Emmanuel Macron a passé un « deal secret » avec Marine Le Pen avant de nommer l'ancien ministre et commissaire européen, membre des Républicains, au poste de Premier ministre, affirmations démenties par la cheffe de file des députés du Rassemblement National et ex-candidate à la présidentielle. D’après les informations du JDD corroborées par plusieurs sources des deux camps, Emmanuel Macron a sollicité l’avis du RN sur le choix de Michel Barnier comme Premier ministre par le biais de Thierry Solère, ancien député LR et proche du président, qui avait déjà joué le rôle de facilitateur entre le camp présidentiel et le RN en organisant chez lui un dîner entre l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et Marine Le Pen.
L'Elysée veut éviter d'exposer le futur chef du gouvernement à une censure de l'Assemblée nationale, où l'extrême droite y est forte de 126 députés, 142 si l'on compte les alliés d'Eric Ciotti. Toujours selon le JDD, le président de la République en personne aurait appelé Marine Le Pen juste avant que ne soit annoncée la nomination de Michel Barnier. Si l’Elysée nie en bloc, Marine Le Pen confie dans un entretien à La Tribune qu’Emmanuel Macron a tenu compte des critères posés par le Rassemblement national dans le choix de son Premier ministre tout en démentant avoir participé activement au choix du locataire de Matignon. Lors de sa rentrée politique à Hénin-Beaumont, elle a déclaré que « seul un Premier ministre du Rassemblement national peut mettre en œuvre le projet du Rassemblement national » en saluant néanmoins la recherche du compromis représentée par le choix de Michel Barnier qui se dit quant à lui « sous la surveillance démocratique de tous les Français et de tous les groupes politiques ».
En Algérie, Abdelmadjid Tebboune est réélu à la tête du pays avec 94,65% des voix
Sans surprise, le président algérien sortant, Abdelmadjid Tebboune, a été réélu pour un deuxième mandat avec près de 95% des voix. Comme le déclare Mohamed Charfi, le président de l’autorité électorale Anie, « sur un total de 5,630 millions de votes enregistrés, 5,320 millions ont voté pour le candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, soit 94,65% des voix ». Concernant le taux de participation, le doute demeure, le président de l'Anie ayant fourni pour seule information « un taux moyen de 48% à la fermeture des bureaux », terme contesté par l'équipe de campagne du candidat islamiste modéré Abdelaali Hassani. En effet, recouvrant habituellement le nombre d'électeurs divisé par le nombre d'inscrits (24,5 millions au total), il correspondrait cette fois-ci à la moyenne des relevés des différentes régions.
Âgé de 78 ans, Abdelmadjid Tebboune bénéficiait du soutien de l’alliance de quatre formations de premier plan dont l'ancien parti unique FLN (Front de libération nationale) et le mouvement islamiste El Bina laissant ainsi peu de chance à ses deux concurrents, Abdelaali Hassani, ingénieur des travaux publics de 57 ans, président du principal parti islamiste MSP (Mouvement de la société pour la paix) et Youcef Aouchiche, ancien journaliste et sénateur de 41 ans, chef du FFS (Front des forces socialistes), un parti d'opposition historique qui boycottait les élections depuis 1999. Ayant construit son pouvoir sur une répression sévère dénoncée par plusieurs organisations des droits humains, Abdelmadjid Tebboune emprisonne ainsi des dizaines de ses opposants.
Présidentielles au Venezuela : le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia se réfugie en Espagne
Ciblé par un mandat d'arrêt suite à sa contestation de la réélection de Nicolas Maduro, le candidat de l'opposition vénézuélienne à la présidentielle de juillet, Edmundo Gonzalez Urrutia, est arrivé dimanche 8 septembre en Espagne où le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a assuré que le gouvernement lui accorderait naturellement le droit d’asile demandé. Depuis Madrid, Edmundo Gonzalez Urrutia a déclaré qu’il continuerait la « lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie au Venezuela ».
Dans un court message, l'ancien ambassadeur de 75 ans a témoigné « d'épisodes de pression, de coercition et de menaces » visant à empêcher son départ et a remercié « les témoignages de solidarité » reçus. Sur X, Maria Corina Machado, la cheffe de l'opposition vénézuélienne a écrit qu’il avait dû fuir pour « préserver sa liberté et sa vie » précisant que « la multiplication des menaces, des convocations, des mandats d'arrêt dont il a fait l'objet, montre que le régime n'a aucun scrupule ni aucune limite dans son obsession de le faire taire et de tenter de le briser ».
Les Etats-Unis, par la voix de leur chef de la diplomatie, Antony Blinken, ont apporté leur soutien au candidat en exil condamnant « fermement la décision de [Nicolas] Maduro de recourir à la répression et à l'intimidation pour s'accrocher au pouvoir par la force brute plutôt que de reconnaître sa défaite dans les urnes ».
Quelles suites judiciaires concernant les accusations de violences sexuelles contre l’abbé Pierre ?
Après la publication, au cours de l'été, de deux rapports commandés par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre, 24 femmes accusent désormais l’abbé Pierre de violences sexuelles, avec notamment des baisers, des masturbations et des fellations forcés. Suite à la sortie du second rapport du cabinet spécialisé Egae vendredi 6 septembre, plusieurs associations réclament des suites judiciaires. Arnaud Gallais, cofondateur de l'association de défense des droits de l'enfant Mouv’Enfants, dénonce le silence de la justice et exige « une autosaisine du parquet ». Violaine de Filippis-Abate, la cofondatrice du collectif Action juridique féministe, explique au micro de franceinfo que si les suites judiciaires « semblent peu probables », « pour la parole des femmes qui témoignent, ce serait important qu'elles soient entendues par la justice française » et estime que « le parquet peut quand même ouvrir une enquête pour des faits prescrits dans le but de recueillir la parole des victimes et faire le point sur ce qu'il s'est passé ».
Décédé, l'abbé Pierre ne peut plus faire l'objet de poursuites judiciaires et la plupart des faits sont prescrits. Cependant, plusieurs recours s'offrent aux victimes, notamment l'action en responsabilité civile ayant pour fonction de réparer un dommage, à la différence de la responsabilité pénale, qui vise à sanctionner l'auteur d'un comportement délictueux. Benjamin Moron-Puech, professeur de droit, explique que « les actions contre sa succession et contre des structures pour lesquelles il travaillait sont possibles en invoquant la faute pour négligence en raison de l'inaction et la responsabilité du fait d’autrui ». En parallèle de la justice et bien que ces instances soient critiquées par plusieurs associations pour leur lenteur et leur proximité avec l’Eglise, les victimes peuvent aussi demander une indemnisation financière auprès de deux organismes mis en place par l'Eglise catholique en 2021 : l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) et la Commission reconnaissance et réparation (CRR).
Les descendants d’Eiffel s’opposent au maintien des anneaux olympiques
Opposés au maintien des anneaux olympiques sur la tour Eiffel au moins jusqu’en 2028 comme le souhaite la maire de Paris Anne Hidalgo, les descendants de Gustave Eiffel ont proposé leur transmission symbolique à Los Angeles d’ici à la fin 2024. Dans un communiqué, les descendants du célèbre ingénieur par le biais de l’Association des descendants de Gustave Eiffel (Adge) se disent « très heureux que les anneaux aient été associés à la tour Eiffel pendant la durée des Jeux olympiques » tout en réaffirmant leur « position défavorable » à la « pérennisation définitive des anneaux […] au-delà de l’année olympique 2024, sans aucune date claire de décrochage annoncée ».
Après consultation de leurs avocats, ils précisent qu’« en tant qu’héritiers de Gustave Eiffel, les membres de l’Adge peuvent être conduits à s’opposer à toute altération portant atteinte au respect de l’œuvre de leur ancêtre ». Selon eux, « l’accrochage des anneaux olympiques induit une modification substantielle à la fois sur l’aspect visuel mais aussi sur l’aspect symbolique de la tour Eiffel ». La présence des anneaux sur la tour au-delà de la durée des Jeux contredit en outre « la neutralité et le sens acquis au fil des ans par la tour Eiffel, devenue le symbole de la Ville de Paris et même de la France entière à travers le monde » pointant par ailleurs l’absence de « lien thématique ou historique préalable entre la tour et les Jeux ». L’Adge est soutenue dans sa démarche par de nombreux défenseurs du patrimoine et opposants à l’élue socialiste, dont Rachida Dati.
La revue de presse du jour, en rediffusion
Au sommaire : Barnier premier ministre, Darmanin et le PSG, Philippe Murer est notre invité pour parler de l'alliance Macron-Lepen, Ukraine : Scholz veut parler de paix, LCI le traite de looser, mouvement contre la vie chère en Martinique, manifestations en Israël.